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Des eaux plus froides en 2013-2014

Par
Peter S. Galbraith

L’hiver 2013-2014 a été particulièrement froid sur le golfe du Saint-Laurent. De décembre à mars, la température de l’air moyenne enregistrée a été la plus basse depuis 1993. Ce froid a entraîné un couvert de glace de mer anormalement lourd sur le golfe. Le relevé annuel héliporté des conditions océanographiques physiques a été fait pendant le mois de mars le plus froid depuis 1948.

Habituellement fait en vol stationnaire à une altitude de 30 à 50 m au-dessus de l’eau, ce relevé se déroule chaque hiver depuis 1996 à partir d’un hélicoptère de la Garde côtière canadienne. Cette année, le grand couvert de glace a permis à l’hélicoptère de se poser sur la glace pour le relevé, comme cela était fait dans les années 1990. Pour mesurer la température et la salinité, et ce, à 79 stations réparties dans le golfe, un trou a été percé dans la glace et une sonde a été descendue dans l’eau jusqu’à 200 m et plus de profondeur.

Les conditions océanographiques physiques de la couche de mélange hivernale étaient exceptionnellement froides en mars 2014, après quatre années consécutives de conditions chaudes. Cette couche de surface, de température inférieure à -1 °C, était très épaisse et son épaisseur a été dépassée une seule fois depuis le début du relevé en 1996, soit en 2003. La température de la couche de mélange hivernale se retrouvait près du point de congélation presque partout dans le golfe, sans aucune entrée d’eau chaude que l’on peut parfois retrouver dans le sud-est du golfe, lorsqu’elle arrive par le détroit de Cabot.

Les eaux froides de la couche de mélange hivernale ont des effets qui persistent pour le reste de l’année. Au printemps, un noyau froid demeure sous la surface et les températures peuvent encore être  sous 0 °C en plein été. On nomme ce phénomène, la couche intermédiaire froide. Pour l’été qui vient, nous prévoyons que la couche intermédiaire froide sera plus froide qu’elle ne l’a été durant les quatre derniers étés.

Les eaux profondes situées à plus de 150 m de profondeur dans le golfe du Saint-Laurent n’ont pas d’échanges avec l’atmosphère et leurs conditions sont donc très différentes des autres couches. Au cours des dernières années, les températures des eaux profondes étaient fortement au-dessus de la moyenne climatologique. Par contre, une baisse notable de la température avait été observée au détroit de Cabot en 2013, signifiant un répit potentiel aux hautes températures. Mais voilà qu’en mars 2014, nous avons de nouveau observé des eaux tout aussi chaudes qu’en 2012 au même endroit, atteignant 7,5 °C à 200 m de profondeur.  Le répit aura donc été de courte durée!

Vidéo montrant les opérations du prélèvement des échantillons sur la glace, en mars 2014

UN PETIT COUP DE POUCE?

Voici quelques définitions des expressions utilisées dans le texte en lien avec la glace et les différentes couches d’eau que l’on retrouve dans le golfe du Saint-Laurent.

Glace de mer : Glace formée à la surface d’une étendue d’eau salée.

Couche de mélange hivernale : Couche d’eau en surface, mélangée par le vent et les vagues. D’une épaisseur moyenne de 20 m en été, elle peut atteindre 100 m en hiver.

Couche intermédiaire froide : Couche d’eau qui reste froide après la fin de l’hiver, située à des profondeurs intermédiaires, soit de 20 à 150 m.

Eaux profondes : Couche d’eau de fond, entraînée vers l’amont par la circulation estuarienne du fleuve Saint-Laurent, soit du détroit de Cabot jusqu’à l’embouchure du Saguenay. Elle se situe à des profondeurs de 150 à 300 m (et plus selon la bathymétrie).

Peter S. Galbraith
Sciences
Vue aérienne des glaces sur le golfe

  

L’équipe d’échantillonnage en mars 2014 (de gauche à droite) : le chercheur et chef du projet Peter Galbraith, le technicien en océanographie Rémi Desmarais, le pilote Robert Delisle et le technicien d’aéronef David Gauvin. La sonde utilisée est au centre du groupe.

L’équipe d’échantillonnage en mars 2014 (de gauche à droite) : le chercheur et chef du projet Peter Galbraith, le technicien en océanographie Rémi Desmarais, le pilote Robert Delisle et le technicien d’aéronef David Gauvin. La sonde utilisée est au centre du groupe.