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Des estacades en renfort aux brise-glace

Par
Marc Savard

En obstruant un cours d’eau en partie ou complètement, un embâcle de glace cause bien souvent des inondations importantes dans les zones situées près des rives. Ce phénomène a été observé sur le fleuve Saint‐Laurent à quelques reprises, entraînant notamment des dommages aux propriétés riveraines.

À l’hiver 1992‐1993, un embâcle majeur s’est formé sur le fleuve, du lac Saint‐Pierre jusqu’à l’amont de Sorel. L’accumulation de glace fut si importante que la navigation commerciale a été interrompue pendant 30 jours. Les dommages causés aux propriétés riveraines par la montée des eaux ont également été considérables.

À la suite de cet épisode, la Garde côtière canadienne a ajouté à sa stratégie de gestion du couvert de glace le déploiement de structures d’acier, nommées estacades, au lac Saint‐Pierre (Yamachiche) ainsi qu’à Lavaltrie et Lanoraie, dans le but de réduire les risques d’inondation des communautés situées entre le lac Saint‐Pierre et Montréal. Ainsi, depuis 1994, des ouvrages de retenue des glaces sont déployés afin de favoriser la formation d’un couvert de glace solide et stable à l’amont des structures de retenue des glaces. Le couvert de glace stable isole l’eau de l’air froid réduisant le risque de production de nouvelles glaces qui pourraient dériver dans le chenal de navigation. De cette façon, le chenal de navigation peut demeurer ouvert en période hivernale.

Avant l’hiver 1992‐1993, des estacades étaient installées à Lavaltrie, Lanoraie et Yamachiche, mais celles‐ci présentaient une configuration différente et moins efficace. À cette époque, elles étaient constituées de poutres de bois, lesquelles sont aujourd’hui remplacées par des tuyaux d’acier d’un diamètre de 0,61 m et d’une longueur de 9,144 m, fermés à chaque extrémité. Une poutre de bois avait une durée de vie de quelques années, alors qu’une poutre de métal en a une de plus de 30 ans, lorsque bien entretenue. Ces poutres sont attachées par groupe de 11, grâce à un câble de section d’acier d’un diamètre de 51 mm et d’une longueur de 152,4 m. Ces câbles de section sont à leur tour reliés à des câbles d’ancrage d’un diamètre de 51 mm et d’une longueur de 76 m. L’ensemble de la structure est retenu par plusieurs ancres enfouies dans le fond marin. L’estacade de Lavaltrie a une longueur de 1,1 km, celle de Lanoraie, 1,3 km alors que celle de Yamachiche fait 2,44 km.

Conjointement avec le travail des brise-glace, les estacades, en gardant le couvert de glace en place, diminuent les risques d’embâcle en favorisant une bonne évacuation de la glace dans le chenal de navigation, rendant du coup la navigation hivernale plus sécuritaire.

Marc Savard
Garde côtière canadienne
Poutre d’estacade de 0,61 m de diamètre.

Poutre d’estacade de 0,61 m de diamètre.

Ancre d’estacade de 15 400 kg.

Ancre d’estacade de 15 400 kg.